COMMUNIQUE DE PRESSE D’ARESKI SADI
Conseiller municipal de Nancy
Délégué fédéral aux associations et à la politique de la Ville

Le gouvernement prend tous les jours le risque de l’explosion nationale, pourtant le Président Sarkozy ne met pas fin à ce débat déchirant. A-t-il mis ce débat sur l’identité au niveau de l’Education Nationale ? Non ! L’a-t-il confié aux constitutionnalistes, aux historiens, aux philosophes ? Encore moins ! Nancy et la Meurthe-et-Moselle n’ont pas été épargnées par ces dérives.

Les préfectures de Police et surtout ce ministère de l’Immigration attelé dangereusement à l’Identité Nationale sont désignés comme référents d’une question hautement fondatrice pour nous tous et pour la Nation.

Fantasmes et méfiances

D’abord une identité ça évolue. Les identités sont la résultante d’histoires communes et de métissages, elles ne sont pas décrétées. L’identité se construit, chacun se l’approprie, elle ne s’impose pas. Chaque fois qu’on [la] requiert dans des débats nationaux, cela devient le nationalisme destructeur.

En ramenant le citoyen à une étiquette étriquée fut-elle nationale, on le dépossède de son libre arbitre. D’autant que cette appartenance est dictée d’en haut. Dès la création d’un tel ministère : « Identité nationale ET immigration », on conforte les uns dans leurs fantasmes et leurs méfiances, les autres dans leur communautarisme. Ce pays a mis un temps fou pour intégrer ses provinces, ses régionalismes. Faudra-t-il autant de siècles pour intégrer les immigrés et leur descendance métissée ?

Sans sourciller, Nadine Morano et ses acolytes amalgament religion, immigration, look vestimentaire et discrimination à l’embauche. Combien faudra-t-il de révoltes, de colères pour qu’ils arrêtent ces dérives politiques ? Plutôt que de fantasmer une nation UMP, le président de la République doit proposer de réelles solutions pour l’accès à l’emploi, l’accès aux universités, l’accès au logement… bref proposer de l’estime à chacun d’entre nous.

En lieu et place de l’action, les dirigeants d’aujourd’hui se lâchent. Toutes les communications et les saupoudrages autour de la lutte contre les discriminations s’effacent face à ces faux dérapages, vrais appels du pied à l’extrême droite abjecte. On se contente du packaging, en ornant le gouvernement de blacks par-ci et de beurs par-là, sélectionnés pour appliquer et légitimer une politique à l’encontre de l’égalité des chances, qui stigmatise les milieux dont ils sont issus. Les inégalités de classes sociales menacent la Nation pendant que les différences culturelles l’enrichissent et la soudent. Le « racisme social » et les discriminations sont des réalités quotidiennes. Je propose plutôt de réparer d’urgence l’ascenseur social, seul garant de la cohésion nationale.

Après avoir opposé les lève-tôt et couche-tard, après avoir creusé un peu plus le fossé entre les actifs et les chômeurs, les travailleurs et les « assistés », voici une nouvelle haine à semer.

Revenir aux fondamentaux

Jean Amrouche, écrivain français de double culture, aurait dit avec ses mots à lui : nous sommes la preuve vivante qu’une greffe de culture française sur n’importe quelle autre souche humaine donne de belles choses. Les cultures qui nous habitent sont tellement intimes et liées qu’elles deviennent des forces indéniables pour notre socle commun. Nul besoin de comptabiliser ce que l’on doit à l’une ou à l’autre. Arrêtons cette explosion de la société, cette ethnicisation, cet enfermement des individus dans leurs religions, leur communauté. Cette France que nous aimons ne vaut que par sa volonté du métissage. Elle s’est faite contre les nostalgiques d’une France pure. Elle s’est faite contre ceux qui ont peur de la différence. Je me souviens qu’elle l’a fait le 21 avril 2002, dans une impressionnante communion de toutes ses composantes.

L’idée républicaine de citoyenneté nationale, c’est le principe d’égalité de tous. Pour moi, ce principe fondateur est remis en cause. Il y a bien longtemps que la France ne se construit plus sur la base religieuse et ethnique. Elle avance sur des idéaux politiques, syndicaux, associatifs et culturels. Le Président de la République aurait été bien inspiré le soir du réveillon de sonner la halte à ce cloisonnement des citoyens auquel nous assistons. Le pays doit revenir à ses fondamentaux : égalité, laïcité, fraternité, liberté.