Une fois de plus, Nicolas Sarkozy s’en prend aux magistrats qui seraient responsables de l’échec de sa politique judiciaire et sécuritaire.

De manière populiste et injustifiée, ils leur reproche de ne pas suffisamment prendre en considération les victimes dont il serait le seul à se préoccuper.

Mais les magistrats en ont assez de servir de boucs-émissaire et n’entendent pas être désignés, une nouvelle fois, pour des raisons bassement électoralistes, à la vindicte de l’opinion publique : c’est leur faire un mauvais procès que de les accuser d’être indifférents au sort des victimes. Alors que l’insécurité explose, ils sont particulièrement sensibles à la détresse et au désarroi des victimes notamment des infractions de violences aux personnes et ne ménagent pas leurs efforts pour permettre une juste et équitable indemnisation de leur préjudice dans le cadre des lois qu’ils sont chargés d’appliquer.

Le candidat sortant n’a vraiment aucune leçon à donner à quiconque s’agissant du respect des droits des victimes alors qu’il n’a fait que mener dans ce domaine, comme dans bien d’autres, une politique de compassion médiatique honteuse , jouant sur l’émotion et se servant de la peine des victimes d’infractions pour faire de l’insécurité un fonds de commerce électoral.

Mais il est bien plus facile de s’apitoyer dans les médias sur le sort des victimes et de se servir de chaque fait divers en jouant sur les peurs que d’améliorer de manière effective et réelle la situation des victimes en renforçant leurs droits et en leur permettant d’être efficacement et correctement indemnisées de leur préjudice.

Rappelons à cet égard que le dispositif actuel de protection et d’amélioration des droits des victimes est issu pour l’essentiel des grandes réformes réalisées par la gauche et notamment par Robert Badinter, (loi de 1985, création de la commission d’indemnisation des victimes d’infractions, création du fonds de garantie et d’indemnisation des victimes…) preuve qu’il n’est pas nécessaire d’opposer, de diviser, de stigmatiser, d’exploiter le malheur de nos concitoyens pour mener une grande politique pénale efficace, humaniste et respectueuse des droits de chacun.

En réalité, à l’exception d’une politique d’agitation et d’affichage et la création d’un juge des victimes aussi méconnu qu’inefficace, Nicolas Sarkozy n’a strictement rien fait pour améliorer concrètement le sort des victimes.

Nicolas Sarkozy se comporte-t-il en Président de la République et se préoccupe-t-il des victimes dans les grandes affaires de santé publique de ces dernières années alors que les responsables de ces affaires ont bénéficié de la plus grande connivence et ont même décorés par les plus hautes autorités de l’État ?

Nicolas Sarkozy s’émeut-il de la douleur des victimes dans l’affaire de KARACHI alors que les magistrats en charge de ce dossier ne cessent d’être entravés dans leur action par un président, chef de clan et qui a tout à redouter de la manifestation de la vérité dans cette affaire ?

Les victimes ne recherchent pas vengeance, elles veulent simplement que justice leur soit rendue en toute responsabilité et en toute sérénité.

Un Président de la République digne de ce nom devrait éviter la surenchère verbale et veiller à ne plus instrumentaliser la douleur des victimes à des fins populistes et électoralistes.

Au delà de la compassion nécessaire à l’égard des victimes et de toutes les victimes, manifestée avec sincérité et sobriété , le prochain Président de la République devra surtout s’efforcer de donner à la police et la justice les moyens d’élucider et de juger les crimes et délits et d’améliorer concrètement et de manière effective les droits des victimes dans le procès pénal .

PB, magistrat